Aviongate

Les affaires 11.23.2014 Un petit article de JA (en bas de page) que je voulait partager avec vous. Il y a 2 points importants qu’il mentionne:

  • #1 – Le monsieur que IBK a amené pour inspecter le Boeing d’ATT (et le déclarer défaillant) n’est autre que Marc Gaffajolli (employé de son frère Tomi le mafieux) — et Gaffajolli a fini par se faire des commissions en or avec l’achat du nouvel avion. Voilà comment le Mali avec l’aide de son président se fait brigander.
  • #2 – Mme Bouaré (MinFin) qui a déclaré sur RFI que les surfacturations n’étaient que des gros profits (non interdits par la loi) qui ont servi en partie à acheter des armes est soupçonnée de préparer des fausses factures qui n’avaient pas été produites lors de l’inspection du VEGAL. À suivre.

IBK dit haut et fort qu’il ne s’expliquera jamais devant le peuple Malien, parce que, dit-il, il n’est ni un brigand ni un voleur. C’est en tout cas ce qu’il a dit aux partis politiques qui lui ont rendu visite. Pourquoi IBK continue à garder une sangsue menteuse aux commandes de l’économie malienne? Qui a fait venir Gaffajolli à Bamako inspecter un avion qui avait été révisé à fond un an et demi plus tôt et qui a à peine servi? Qui a permis la création de toutes ces sociétés écran dans des îles que les Maliens ne peuvent même pas localiser sur une carte? IBK n’a-t-il pas dit lui même (Interview JA) que l’avion sera loué pour couvrir ses frais? Où est alors notre argent de location? Dites-moi comment IBK n’est pas impliqué dans toute cette cabale visant à voler l’argent de l’Etat? Le pays a été “brigandé”; le président refuse de donner des explications; le gouvernement se comporte comme si il n’y avait rien. Leur explication: nous sommes tous honnêtes; personne n’a volé; l’argent a simplement disparu. Karim Sylla

IBK Exige un Confort Royal en Vol

IBK Exige un Confort Royal en Vol
13 Mars 2016 |MIRG | Amadou Wane

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Ibrahim Boubacar Keita (IBK) est un président qui aime voyager. Depuis son inauguration le 4 septembre 2013, il a effectué 87 voyages internationaux. Le mystère autour de l’achat de l’avion et les innombrables voyages ne cessent de faire couler de l’encre dans la presse malienne.
Mais depuis sa dernière visite en France le 11 Février 2016, le président n’a pas quitté le Mali. Certains pourraient penser que le président a enfin pris conscience de la lourdeur de ces voyages sur les maigres resources d’un état aussi pauvre que le Mali. Hélas! ils seront déçus. Cette interruption des balades présidentielles est seulement momentanée. Le président est pour le moment privé de son Boeing.

Nous avons appris d’une source désirant garder l’anonymat que le chef de l’ État désirant plus de confort en vol a ordonné une rénovation de l’intérieur de la cabine de son jet.

Pour cette raison, l’avion présidentiel est à l’aéroport de Bâle en Suisse depuis le 14 Février dernier; plus précisément dans un hangar d’AMAC Aerospace, l’un des principaux acteurs mondiaux de rénovations et modifications d’appareils de luxe. Nous y avons repéré l’avion et obtenu confirmation par une source à AMAC Aerospace que le Boeing y était pour des travaux de rénovation.

AMAC est une entreprise basée en Suisse qui offre des services d’entretien et de finition de jets privés, et dispose d’hangars à l’aéroport de Bâle, ainsi qu’à l’aéroport Atatürk d’Istanbul en Turquie. Elle compte parmi sa clientèle, les super riches d’Afrique, du Brésil, de Russie, ainsi que du Proche-Orient. Cette clientèle exige des avions de prestige avec des finitions dignes d’une élite. AMAC Aerospace a très bonne réputation dans ce domaine.

Avec le trésor malien comme tirelire, IBK ne semble pas se priver de luxe. Ses nombreux voyages ont couté à l’état plus de six milliards de francs CFA, rien que pour les frais du Boeing selon une étude conduite par Malilink Investigative Reporting Group (MIRG). Selon MIRG, IBK a parcouru plus de 530 000 kilomètres depuis son inauguration, soit plus de 13 fois le tour du monde. Chaque heure de vol du Boeing coûte à l’état environ 13 millions de francs CFA; à cela il faut ajouter les dépenses hôtelières de chaque déplacement et même les frais de déplacement de sa délégation car le Boeing d’IBK ne peut transporter que 19 personnes.

L’avion est exploité par JetMagic, une entreprise basée à Malte et liée à Michel Tomi; Mr Tomi est l’ami et « frère » du président qui se trouve présentement entre les mailles de la justice française pour pratiques mafieuses; il est en outre le propriétaire du Casino de Bamako. Le contrat qui lie le Mali à JetMagic n’a jamais été rendu publique. Personne ne sait ce que le Mali paye. Les estimations de MIRG sur les coûts du Boeing ont été faits sur la base de prix offerts par différents prestataires de service exploitant le Boeing 737 BBJ.

Combien coutera cette dernière rénovation? Il est difficile de le dire. L’ opacité totale des dépenses de Koulouba fait qu’il est pratiquement impossible de savoir le montant de la facture de cette rénovation inutile; il faut rappeler que lors de son achat en 2014 le Boeing avait déjà été rénové. Les maliens doivent exiger plus de transparence financière des dépenses de l’état. L’Assemblée nationale doit jouer un rôle de contrôle et de contrepoids au pouvoir désormais hégémonique de Koulouba. Comment comprendre qu’au même moment où des bébés partagent à 2 ou 3 des lits à l’hôpital Gabriel Touré, l’occupant de Koulouba préfère dépenser l’argent du contribuable pour rendre son avion encore plus luxueux. Est-ce cela la promesse du Mali d’abord?

Une Administration Erigée en Mafia

By mAliLink January 24, 2017

Une Administration Erigée en Mafia
Une dérive inquiétante pour le Mali
Par A. Karim Sylla
MaliLink Investigative Reporting Group[*]

L’administration malienne coûte cher au contribuable. Plus de la moitié du budget de l’Etat est consacré au payement des salaires et au fonctionnement de l’administration –bâtiments, parc automobile, télécommunication, déplacements, consommables, etc. Pour chaque franc investi (en infrastructures de base, routes, écoles, etc.), l’état dépense 1,37 franc supplémentaire rien que dans l’administration. De 2010 à 2017, le budget malien a plus que doublé – passant de 1101 milliards FCFA à 2270 milliards FCFA, soit 106% d’augmentation – sans grand impact sur les secteurs vitaux comme éducation et la santé, ou encore l’efficacité des services administratifs. L’impact aurait dû être positif, vu que la croissance démographique n’a été que de 23,1% sur la même période – la population passant à 18,6 millions d’habitants. L’administration malienne est très improductive, mais pire, même les fonds alloués aux investissements disparaissent ou sont utilisées à d’autres fins. Une véritable mafia s’est mise en place pour faciliter l’enrichissement de certains par la fraude et le vol.

Frauder pour s’enrichir
L’état est pauvre, aime-t-on répéter, mais l’administration ne se prive pas. Les rapports du Bureau du Vérificateur Général (BVG) sont assez éloquents ; Dans son rapport de 2007, le BVG avait épinglé le ministère de l’habitat et de l’urbanisme sur des dépenses « alimentaires » ; voici un passage de son rapport (page 37) :

La moyenne annuelle des « dépenses en alimentation » s’élève à 34 000 000 de FCFA. S’y ajoutent 500 000 FCFA pour l’acquisition de savon, d’huile et d’ustensiles de cuisine, l’achat de 2 645 boîtes de lait « Nido », et près de 3 millions de F CFA pour l’achat de 141 sacs de sucre. Il s’ensuit que les « dépenses d’alimentation » du département sont excessives.

Il est difficile de concevoir un rapport entre l’huile de cuisine et l’urbanisme ; faut-il rappeler que ces 34 millions FCFA pourraient être utiles dans le service de pédiatrie de l’Hôpital Gabriel Touré ? L’image est pathétique ; des fonctionnaires se gavant de lait « Nido » alors que des enfants meurent de malnutrition !

La fraude n’a même plus « froid aux yeux ». Dans son rapport de 2012, le BVG disait ceci à propos du ministère des mines (page 81) :

L’analyse quantitative des acquisitions de consommables au regard des besoins démontre que tous les achats ne sont pas justifiés. A titre d’exemple, la DFM [note : Direction des Finances et du Matériel] a acheté 813 cartouches d’encre pour imprimante, toutes marques confondues, pour 52,29 millions de francs CFA hors taxe sur 9 mois alors qu’elle ne dispose que d’un parc de 23 imprimantes, en majorité de type HP 2055. La quantité ainsi dégagée correspond à une consommation moyenne de quatre cartouches par imprimante et par mois. De plus, des cartouches d’encre ainsi payées ont des caractéristiques techniques ne correspondant pas aux imprimantes disponibles au niveau de la DFM.

Les nombreux rapports du BVG se suivent et se ressemblent mais restent généralement sans suite ; tout le monde accuse tout le monde, rejetant la responsabilité sur autrui ; le pouvoir exécutif accuse la justice de lenteur, la justice se défend et accuse l’exécutif ou même le BVG. Pendant ce temps, la fraude et la corruption continuent à grande échelle. Et le tissu sociétal est touché au plus profond, au point ou rien ne choque. Même au plus haut sommet de l’Etat.

Alors qu’un journaliste lui demandait s’il était normal que la famille du premier ministre Modibo Keita reçoive des logements sociaux – un programme prévu pour faciliter l’accès au logement aux ménages à revenu faible et intermédiaire – le président Ibrahim Boubacar Keita acquiesça. Le premier ministre, après de bons, loyaux et honnêtes services comme fonctionnaire de l’administration méritait bien ce « cadeau » (en tout 6 villas, pour sa femme et 5 enfants). Avant IBK, le président Amadou Toumani Touré aurait dit qu’il fallait faire attention « à ne pas gâter le nom » des fonctionnaires épinglés par les rapports du BVG.

L’ubiquité de la fraude lui confère un tout autre sens dans la gestion du bien public. Le citoyen lambda l’accepte comme norme ; la justice s’en occupe très rarement, même quand l’abus dépasse la « norme ». Mais le cas de l’agence de régulation des télécommunications mérite d’être évoqué et expliqué.

L’AMRTP et la fraude à ciel ouvert
L’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications et Poste (AMRTP) est chargée de gérer et règlementer la télécommunication au Mali. Elle assure l’application de la politique du gouvernement, garantit la concurrence loyale entre les opérateurs et protège l’intérêt des utilisateurs. Elle jouit également d’une autonomie financière et ses ressources proviennent (essentiellement) d’une taxe de 2% sur le chiffre d’affaires des opérateurs télécom. Et cela fait beaucoup d’argent – près de 46 milliards FCFA se trouvaient dans les caisses de l’AMRTP à la fin de l’année 2015. Et comme on est au Mali, cela crée beaucoup de convoitises.

En 2008, Choguel Kokalla Maiga est nommé directeur général de l’AMRTP (alors connue comme Comité de Régulation des télécommunications) ; selon sa biographie officielle, Choguel Maiga est titulaire d’un doctorat d’Etat en télécommunications ; il a été ministre de l’industrie et du commerce entre 2002 et 2007 et dirige le parti MPR (Mouvement patriotique pour le renouveau). Le 10 Janvier 2015, Dr. Maiga revient au gouvernement comme ministre de l’économie numérique, de l’information et de la communication, et aucun remplaçant n’est nommé à l’AMRTP. Il cumule alors les deux postes et dirige de fait ces services de l’état jusqu’à son limogeage du gouvernement le 7 Juillet 2016.

Courant Juin 2016, l’AMRTP reçoit une mission du Contrôle Général des Services Publics – un des nombreux organes en charge de déceler les irrégularités de gestion et le non-respect des procédures financières. Les contrôleurs finalisent leur rapport le 21 Juin 2016. Ce document, dont nous avons obtenu une copie, expose des éléments d’abus des biens de l’Etat et d’enrichissement illicite couvrant la période 2012 à 2015.

Abus des biens de l’Etat
Les revenus de l’AMRTP sont partagés entre un budget de fonctionnement et le Fonds d’Accès Universel (FAU) dont le but principal est de créer un service minimal (téléphonie, Internet, etc.) accessible à tous les Maliens (à un prix abordable). Les excédents du budget de fonctionnement sont également reversés dans le FAU. Le rapport épingle plusieurs dépenses difficiles à justifier pour une autorité de régulation ; voici quelques exemples :

· Organisation d’une colonie de vacances à l’étranger pour les enfants du personnel de l’AMRTP ; coût : 494 035 707 FCFA

· Achat de 227 tablettes iPad, 80 téléphones iPhone et 100 ordinateurs pour les ministres, les services de la présidence et de l’assemblée nationale, les fonctionnaires de l’AMRTP, ainsi que d’autres services administratifs ; coût : 468 169 000 FCFA

· Frais de communication des membres du conseil d’administration de l’AMRTP ; coût : 28 100 000 FCFA

· Cumul de salaire et émoluments du poste de directeur général par le ministre Maiga ; coût : 86 272 390 FCFA – Dr Maiga aurait, dit-on, remboursé cette somme. En cumulant les deux fonctions, Dr Maiga (le ministre) était de fait le supérieur du Dr Maiga (le directeur général)

Comment expliquer une dépense de 500 millions FCFA pour des vacances d’enfants dans un pays où 43% de la population vit dans le dénuement total, et où près de 2000 personnes meurent de paludisme chaque année parce qu’elles n’ont pas 500 FCFA pour la dose de maloxine ? Seuls les responsables de l’AMRTP pourraient donner une explication. En tout c’est 1 076 577 097 FCFA du contribuable que les responsables de l’autorité ont dépensé sans justification et en toute illégalité. En outre, entre 2012 et 2015, l’AMRTP a passé 108 marchés et contrats totalisant 8 706 947 247 FCFA ; certains contrats ont été payés avant livraison, d‘autres n’ont jamais été déclarés (ou partiellement déclarés) aux service des impôts. En tout, les contrôleurs ont relevé 18 manquements aux principes de gestion saine.

Quand le DG Maiga paye le ministre Maiga
En cumulant les deux fonctions, Dr Maiga (le ministre) était de fait le supérieur du Dr Maiga (le directeur général) ; et en mars 2015, le ministre Maiga décide de lancer un appel à candidature pour remplacer le DG Maiga. Quand la commission de dépouillement est mise en place, le nom du Dr Maiga n’y figure pas ; 7 membres sont nommés (décision n°2015-023/MENIC-SG du 1er avril 2015) et l’AMRTP octroie 12 millions FCFA sur ses comptes pour couvrir les frais de la commission ; le chèque est signé par Dr Maiga lui-même (en sa qualité de directeur général de l’AMRTP). Le 3 Avril 2015 – soit 2 jours après la mise en place de la commission – le secrétaire général du ministère de l’économie numérique, Mamadou Hady Traoré (lui-même président de la commission), octroie à son ministre 4 millions FCFA pour 8 jours de futurs travaux en tant que « superviseur » de la commission.

De fait, Dr Maiga (le DG) a payé son supérieur hiérarchique, Dr Maiga (le ministre), 500 000 FCFA par jour – soit 500 fois le salaire minimum garanti par l’Etat. Pour un travail qui n’avait absolument aucune raison d’exister et qui en toute vraisemblance était fictif.

Fraude Bancaire ?
Au moment où le rapport des contrôleurs a été établi, l’AMRTP possédait 18 comptes courants et 12 comptes dits « dépôt à termes » (DAT) ; un DAT est un placement sur une période fixe qui génère des intérêts plus ou moins importants en fonction de la durée et du montant placé. Il est considéré comme sans-risque et selon des experts que nous avons contactés les taux pratiqués sont basés sur le taux de placement interbancaire, le taux de refinancement de la banque centrale (BCEAO) ou le taux d’intérêt des bons du Trésor.

Durant toute l’année 2015 le taux de prêt interbancaire (sur 12 mois) a fluctué entre 3,78% et 6%. Et une enquête menée auprès de plusieurs banques à Bamako sur leurs taux de DAT donne une fourchette comprise entre 4,5% et 5,5% pour un dépôt d’un milliard FCFA sur 12 mois. Donc, au-delà de la taxe perçue sur les activités des opérateurs télécom, l’AMRTP devrait engranger d’énormes revenus sur les intérêts de ses comptes DAT. Pourtant, en 2015, le taux moyen que l’AMRTP a perçu sur ses comptes DAT dépasse à peine 2% – les intérêts perçus ne s’élèvent qu’à 914 millions FCFA, soit un taux de 2,13% – moins qu’un simple compte d’épargne.

Pourquoi l’AMRTP perçoit aussi peu d’argent sur ses comptes DAT ? Le rapport des contrôleurs ne dit rien sur cette incongruité. Et il est difficile de répondre à cette question sans avoir le détail des accords signés avec les banques. Selon des informations que nous avons pu corroborer, certains banquiers reverseraient des fonds « hors-circuits » aux responsables d’entreprise contre un taux en-dessous de la « normale » ; est-ce le cas pour l’AMRTP ? Un simple contrôle diligenté auprès des banques et/ou de l’AMRTP lèverait le voile sur cette question. En tout cas, le manque à gagner pour l’AMRTP est assez important ; il pourrait s’élever à plus de 1,4 milliard FCFA pour la seule année 2015. Le tableau suivant montre une simulation à plusieurs taux, le montant que l’AMRTP aurait perçu, ainsi que le manque à gagner.

Taux d’IntérêtMontant PerçuManque à gagner
2,13%*  914 587 573 CFA    0 CFA
4.00% 1 720 954 317 CFA  806 366 744 CFA
4,50% 1 936 073 606 CFA 1 021 486 033 CFA
5,00% 2 151 192 896 CFA 1 236 605 323 CFA
5,50% 2 366 312 186 CFA 1 451 724 613 CFA

* Taux moyen perçu par l’AMRTP

Le rapport des contrôleurs fait état du nombre anormalement élevé de comptes ouverts par l’AMRTP et y voit un « risque de non-maîtrise du mouvement des ressources ». Il pourrait tout simplement s’agir d’un subterfuge tentant à masquer le manque de « performance » que nous pensons être délibéré.

Quand le Dr. Choguel Maiga nomme Mr. Choguel Maiga…
Rien ne choque à l’AMRTP ; ce qui suit est encore une autre bizarrerie. Choguel Maiga n’est pas reconduit lors du remaniement ministériel de Juillet 2016 ; il est également limogé de son poste de directeur général de l’AMRTP par un décret du président Ibrahim Boubacar Keita. Le décret (n°2016-0660/P-RM du 31 Août 2016) du président met fin aux fonctions du Dr Maiga à l’AMRTP avec effet rétroactif au 10 Janvier 2015. Si la légalité de la rétroactivité n’est pas contestée, alors tous les actes signés par Choguel Maiga (en tant que DG de l’AMRTP) de Janvier 2015 à Août 2016 sont nuls et illégaux. Cela pourrait poser beaucoup de problèmes administratifs et juridiques. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Après ce limogeage rétroactif, Choguel Maiga se retrouve alors sans job, mais n’a pas dit son dernier mot ; il procède tout simplement à sa propre nomination comme « Chef de Département » le 23 Septembre 2016, soit 3 semaines après sa révocation comme DG de l’AMRTP. La décision 16-0076/AMRTP/DG, signé par lui-même, lit comme suit :

Monsieur Choguel Kokalla Maiga, Directeur Général sortant de l’AMRTP, réintégrant l’effectif du personnel permanent de l’AMRTP, est classé à la catégorie A16 et bénéficie des avantages d’un Chef de Département.

C’est du jamais vu. On assiste de fait à un manquement aux principes de fonctionnement d’une administration saine ; un président qui « oublie » d’abroger un décret, une primature qui laisse faire malgré l’appel à candidature lancé en mars 2015 pour remplacer le siège « vacant » à l’AMRTP, et surtout un haut-fonctionnaire qui perçoit deux salaires (et autres avantages) et finit par se nommer lui-même à un poste de responsabilité. Et il a fallu 19 mois pour que l’administration corrige cette anomalie. Avec un décret dont la légalité pourrait être mise en doute. Tout se passe comme dans un monde à l’envers. La légèreté est déconcertante et ne va pas sans rappeler le défaut de payement de la quote-part du Mali aux Nations-Unies.

Une administration érigée en mafia
Il suffit de lire les rapports des différentes structures de contrôle ; l’Etat malien est pillé de maintes manières – les euphémismes comme irrégularités, erreurs de gestion, écart de chiffres, non-collecte de redevances, non-fiabilité des chiffres, etc., ne ramènent qu’à une seule chose : un système frauduleux entretenu pour enrichir certains fonctionnaires aux dépends de l’Etat. Les incompétents sont nommés sciemment pour faciliter la fraude et promouvoir le système mafieux. Et l’audace de certains fonctionnaires ne connait aucune limite ; assurément la palme revient à des agents du ministère des mines, non pas par le montant de la fraude mais par la témérité et le sang-froid affichés (page 89, rapport BVG 2012) :

En ce qui concerne les véhicules, il se trouve des fiches d’entretien qui indiquent, par exemple, que pour une seule et même réparation : plus de 150 pièces ont été́ installées sur un véhicule ; 3 pare-brise avant, 3 filtres à huile, 3 filtres à air, 3 filtres à gasoil, 4 amortisseurs avant et 4 amortisseurs arrière ont été́ installés sur un véhicule ; 2 pare-brise, 4 amortisseurs avant, 4 amortisseurs arrière, 2 radiateurs, 4 jeux de pattes-moteur, 4 pattes-moteur, 4 pompes d’alimentation et 6 phares ont été́ installés sur un autre véhicule. De telles énonciations étaient devenues courantes et habituelles.

Cela peut faire sourire, mais c’est le nœud du problème. Le vol est organisé et ordonnancé non pas pour échapper aux autorités de contrôle – puisque la punition n’est jamais à l’horizon – mais dans le but de soutirer le maximum d’argent aux comptes. Dans son rapport de 2014 – le dernier à être publié – le BVG a effectué plusieurs contrôles dont les exemples qui suivent.

À l’Autorité́ Routière, c’est quasiment 11,8 milliards de FCFA qui ont simplement disparus, dont presque 4 milliards subtilisés par un seul individu (page 106) :

Il résulte des travaux que, sur un montant total de 7,86 milliards de FCFA recouvré au titre de la RUR [Note : Redevance d’Usage Routier] sur les produits pétroliers de quatre relevés de recettes, le Receveur du Trésor auprès du BNPP [Note : Bureau National des Produits Pétroliers] n’a pas reversé à l’AR [Note : Autorité Routière] un montant de 3,96 milliards de FCFA. Il n’a fourni aucun document justifiant ces manquants sur versement.

En fait, partout où passe l’argent du contribuable, se trouve un fonctionnaire qui se sert allégrement. Ce sont 667 millions FCFA qui disparaissent à l’Office de la Haute Vallée du Niger, dont 183 millions volés par le responsable de la commercialisation (page 118) :

Des Chefs SDR [Note : Secteur de Développement Rural] n’ont pas justifié des montants perçus de 63,77millions de FCFA destinés aux coopératives. Le Chef de la Section Commercialisation n’a pas justifié des demandes de fonds d’un montant total de 182,99 millions de FCFA par des états de paiement, au titre de la commercialisation du sésame.

Au Centre Hospitalier Universitaire Gabriel Touré, la période que couvre le rapport 2014 du BVG coïncide avec une rupture du stock de films radiologiques que la presse avait alors évoqué ; pendant 2 semaines (du 20 Septembre au 3 Octobre 2013), les patients du HGT n’avait simplement pas accès au service radiologique pour manque de film. La réalité découverte par le BVG est carrément d’ordre criminel ; les films manquaient mais pour une toute autre raison ; ils ont simplement été détournés par les responsables de la radiologie (page 125) :

Le Chef de service de la radiologie n’a pas justifié l’utilisation de films radiologiques de 114,80 millions de FCFA. En effet, il a réceptionné 185 000 unités de film numérique AGFA toutes dimensions confondues, alors qu’il n’a pu justifier que l’utilisation de 156 300 films pour les exercices 2010, 2011 et 2013. Il en résulte une différence de 28 700 films non justifiés, valorisée à 114,80 millions de FCFA.

Au total 1,4 milliard FCFA ont été subtilisés des comptes de l’hôpital sur la période ; pour rappel cette somme représente les budgets combinés de l’hôpital de Ségou (Hôpital Nianankoro Fomba) et celui de Kayes (Hôpital Fousseyni Daou) tels qu’alloués dans le budget de l’Etat en 2016. Encore aujourd’hui la presse accuse la direction de l’hôpital Gabriel Touré d’avoir passé un marché gré-à-gré pour l’achat d’un scanner qui ne répondait aux normes souhaitées par les médecins et qui tombe en panne fréquemment.

Ces pratiques, comme souligné plus haut, sont omniprésentes même où on s’y attend le moins. Par exemple, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB) – qui l’aurait cru – le contribuable a perdu presque 995 millions FCFA ; le comptable s’était tout bonnement érigé en guichetier bancaire pour le ministère de la culture dont les agents se servaient gaiement en liquide et sans inquiétude (page 131) :

L’Agent comptable [du CICB] a procédé à̀ une annulation non justifiée de prêts et avances de fonds. Il a soustrait du rapport financier de 2012, sans justification, un montant total de 107,92 millions de FCFA accordé à̀ titre de prêts et avances de fonds aux agents du Ministère chargé de la Culture.

Quel avenir pour le Mali…
Cet article est consacré en grande partie à l’AMRTP ; selon nos estimations le contribuable malien y a perdu au moins 2,5 milliards FCFA et personne n’a été inquiété. Ce n’est malheureusement pas un cas isolé ; tous les services publics et parapublics sont concernés – sans risque de se tromper, on peut affirmer que la quasi-totalité des achats effectués par l’Etat malien est frauduleux. L’idée récente de créer une centrale unique d’achat public n’y changera pas grand-chose ; la fraude se déplacera tout simplement. Le problème est la nature même de la fonction publique au Mali. Les incompétents sont nommés à des postes stratégiques et névralgiques non par népotisme mais pour perdurer l’anarchie et faciliter la fraude. Les fonctionnaires honnêtes ne restent jamais longtemps aux postes de responsabilité. Tous les maliens sont victimes de cette situation, qui n’est que l’œuvre de quelques milliers de nos concitoyens ; des fonctionnaires qui n’ont pas compris qu’un Mali mieux dirigé bénéficiera à tous, eux y compris. Le scanner de l’Hôpital Gabriel Touré qui ne fonctionne pas affecte tout le monde ; la voiture qui pollue mais passe l’inspection technique contribue aux ennuis pulmonaires de tout le monde ; la route mal-faite accroit le coût du transport et le prix de la tomate pour tous ; le système éducatif miné par la corruption grève la croissance économique ; tout le monde est victime. Le préjudice n’est pas simplement financier ; nous assistons à une dénaturalisation de la société où l’anormal est devenu la norme.

Les 2270 milliards FCFA du budget 2017 de l’Etat malien mettent le Mali en peloton de tête dans la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) – seuls la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont un budget plus important. Pourtant, tout manque au Mali ; le Malien paye toute sorte d’impôts et de taxes – tout simplement pour faire vivre une administration qui ne la sert pas. Peut-on vraiment dire qu’on vit mieux en 2017 qu’en 2010 ? Pourtant le budget de l’Etat n’était que 1101 milliards FCFA en 2010 ; on pourrait diviser nos impôts par deux, revenir au niveau 2010 et tous les Maliens seraient soulagés – la TVA passerait à 9% au lieu de 18% ; tout le monde vivrait mieux, sauf l’administration qui s’est habitué à vivre chichement sur le dos du paysan de Diapaga ; véhicules, téléphones, et même colonies de vacances pour leurs enfants. Le contribuable est le dindon de la farce. [*] MaliLink Investigative Reporting Group (MIRG) est une équipe d’enquête dont le but est d’informer le public malien. L’équipe est composée de membres bénévoles du réseau MaliLink, une liste de discussion sur le Mali. MIRG est apolitique et indépendant des partis politiques.

Corruption au Sein du Groupe Aérien Présidentiel

By mAliLink August 11, 2017

BAMAKO – 11 Août 2017 |MIRG | par  Amadou O. Wane & Abdoul K. Sylla -L’avion présidentiel du Mali est nulle doute un foyer de scandales financiers et malversations. Si son acquisition en 2014 avait créé de la polémique, son exploitation est aujourd’hui un autre scandale.Le Mali acquiert le Boeing 737 en Mars 2014 aux USA,  mais c’est une société écran du nom de Mali BBJ Limited basée à Aruba dans les Caraïbes qui fait une demande d’exportation de l’avion auprès des autorités américaines. La dite-société avait été montée 2 semaines à Oranjestad sur l’île d’Aruba.

L’opacité autour du coût réel de l’avion et le manque de transparence budgétaire crée aussitôt un scandale. Le Fond Monétaire International demande un audit qui sera diligenté par le Bureau du Vérificateur Général (BVG). Le coût déterminé par le BVG s’élève à 19 milliards FCFA, dont 1,4 milliard FCFA de commissions et frais payés à un courtier lié à Michel Tomi, l’ami du président. En outre, un contrat d’exploitation est signé avec l’entreprise JetMagic Limited basée à Malte ; le BVG n’a jamais eu accès à ce contrat-bail. Ce que nous pouvons noter c’est qu’une ligne budgétaire existe (dans les charges communes) depuis 2015 pour couvrir les frais de ce contrat. Il s’élève depuis 2016 à 3 milliards FCFA par an.

Le contrat-bail avait été initialement signé pour deux ans. Une structure créée à la présidence sous le nom Groupement Aérien Présidentiel (GAPR) dirigé par le Colonel Youssouf Diarra gère désormais le Boeing 737.

Les Voyages du Président
Le président malien voyage beaucoup ; une base de données maintenue par MaliLink Investigative Reporting Group (MIRG) nous révèle les lieux et dates des voyages du président ; on y note également que le tiers des visites est soit privé ou pour l’investiture d’autres chefs d’état. Ces voyages sont couteux ; et selon nos estimations, ils avoisinent 10 milliards de frais depuis 2014. Le président voyage en moyenne 2 fois toutes les 3 semaines. Cette fréquence conduit aussi à un rythme de maintenance élevé. Le tableau ci-dessous note la mise en maintenance du Boeing depuis 2016.

AMAC Aerospace, basée à Bâle en Suisse, est une entreprise de maintenance très réputée. Elle effectue des travaux de maintenance, d’habillage, et de décoration d’aéronefs. Elle se spécialise sur les jets privés, dont plusieurs avions présidentiels et gouvernementaux (Nigéria, Tchad, Namibie, Gabon et Cameroun entre autres).

Premières failles du GAPR


En Février 2016, le Boeing est à Bâle en Suisse pour un entretien de routine. Le GAPR, sous ordre du président lui-même, décide que l’inscription « République du Mali » sur le fuselage était trop petit. Le Mali, un grand pays, méritait mieux qu’une petite inscription. Le GAPR, malgré les conseils dissuasifs d’AMAC, fait inscrire sur l’avion le nom du Mali en très gros caractères – sur toute la longueur du fuselage. C’était tout simplement grotesque.

Une fois arrivé à Bamako, décision a été prise aussitôt de refaire le travail. Cela fut fait quelques mois plus tard lors des travaux de maintenance d’Août 2016. Bien évidemment, c’est le contribuable malien qui paya pour cette erreur. Selon des estimations obtenues auprès de spécialistes, le coût des travaux est d’environ 33 millions FCFA. Cet épisode nous a conduit à regarder de plus près les coûts de maintenance du Boeing. Les chiffres sont assez éloquents.

Changement de prestataire et soupçons de malversation
AMAC Aerospace est évincé du contrat de maintenance après Octobre 2016. En décembre 2016, l’entretien du Boeing est effectué à Casablanca, au Maroc, et en Juillet 2017 à Norwich, en Angleterre. Selon des sources informées, le contrat d’entretien est transféré à KLM UK Engineering (KLMUKE), une filiale d’Air France Industries basée à Norwich. Nous avons obtenu les termes des contrats d’entretiens proposés au gouvernement malien par AMAC et KLMUKE. Les coûts de KLMUKE sont plus de 5 fois plus élevés que ceux d’AMAC. Par exemple, une visite technique d’entretien lourd (visite de type « D ») chez AMAC coûte 153,8 millions de FCFA alors que le même service coûte 839,3 millions de FCFA chez KLMUKE.

Pourquoi un choix aussi coûteux ? La réponse pourrait se trouver dans la relation entre deux personnages clefs (et amis intimes) de la gestion du Boeing : le Colonel Youssouf Diarra, et le commandant de bord de l’avion présidentiel, Stéphane Poncet. Selon nos sources, Poncet gèrerait directement le contrat de maintenance.

Le Commandant Poncet


Stéphane Poncet n’est pas très connu au Mali ; sa silhouette débonnaire n’est visible que le temps de la poignée de main que lui donne le président à ses départs de Bamako, au bas de la passerelle. Poncet est né en 1972 ; il est connu comme intelligent, ambitieux, et surtout opportuniste. L’aviation a été pour lui un rêve d’enfance. Il débute sa carrière en aviation comme Stewart chez Air Liberté, une compagnie aérienne française aujourd’hui défunte. Son attention pour les détails et son ambition propulsent sa carrière à Air Liberté, où il deviendra co-pilote sur Fokker 100, un jet régional de 100 places. Poncet est d’ailleurs contributeur dans un livre référence sur le personnel navigant — le « Guide Pratique du Personnel Navigant Commercial », paru en 2003 chez Librairie de l’Université Aix.

Après Air Liberté, Poncet passe des périodes assez difficiles. Il se retrouve avec des contrats de co-pilote à durée déterminée sans réelle possibilité d’avancement de sa carrière. Il lui est difficile de garder l’emploi. Néanmoins, Poncet passe commandant de bord laissant perplexe ceux qui l’ont connu à l’époque. Une de nos sources nous dévoile que Poncet aurait trafiqué son CV, faisant passer ses heures de vol en co-pilote comme heures de vol en pilote. Nous n’avons pas pu obtenir de documents étayant cette thèse. Mais selon le commandant Cheick Oumar Ouane – pilote malien avec plus de 40 ans d’expérience – la falsification des heures de vol est une pratique assez répandue et il n’existe pas véritablement de mécanisme de vérification ; les pilotes fraudeurs sont rarement punis.

En Novembre 2005, Poncet crée avec Éric Manzo une compagnie charter dénommée Air Sports France ; Poncet est alors basé à Barcelone en Espagne. L’entreprise se spécialise dans le transport des clubs sportifs. L’entreprise est enregistrée en Angleterre, mais en réalité, sa présence s’y limite à une boite aux lettres ; le gros de l’activité se trouve plus au sud, en Espagne et en France. En 2007, l’entreprise enregistre 207.755 livres britanniques de chiffre d’affaires (environ 300.000 Euros à l’époque) ; Poncet lui annonce 700.000 Euros à qui veut l’entendre. C’est en fait la meilleure année de l’entreprise ; elle a des contrats avec 13 équipes de sport (football et rugby).

L’embellie ne suit pas l’année d’après. Un des meilleurs clients de l’entreprise, Le FC Gueugnon, est relégué en troisième division du championnat de football en France. L’entreprise essaye plusieurs options – transport VIP et matériel de sport en cargo — sans grand succès. Devant les difficultés qui s’accumulent, Poncet et Manzo réenregistrent Air Sports en France en 2011. Rien n’y fait ; l’entreprise bat toujours de l’aile.

Durant ces moments difficiles, Poncet effectue d’autres contrats de pilote. On le retrouve notamment en Azerbaïdjan, comme chef pilote d’une petite compagnie locale. Là il se fait carrément virer – pour des raisons qui demeurent encore obscures. C’est là-bas aussi qu’il passe sa qualification sur Boeing 737.  Nous sommes alors en 2014, quand il est embauché par JetMagic comme pilote du Boeing présidentiel malien. Air Sport France met définitivement la clé sous le paillasson en 2015.

L’après-JetMagic
A la fin des deux ans du contrat initial de JetMagic, Poncet trouve une astuce géniale. Pourquoi ne pas se substituer à JetMagic et gérer tout ce pactole ? Pour cela, il lui faut un alter ego.  Le GAPR, dirigé par le Colonel Diarra, négocie directement les contrats, et Poncet, fort de son expérience dans le business de l’aérien, trouve les prestataires. Selon nos sources, les anciens collègues de Poncet pendant l’ère JetMagic auraient tous été virés. Poncet, semble-t-il, a la main mise sur les décisions.

En plus d’être commandant du Boeing présidentiel, Poncet gère de fait le contrat de maintenance de l’appareil. Il est aussi un réfèrent au sein de l’Agence Nationale de Aviation Civil du Mali (ANAC) – c’est-à-dire un expert dont l’opinion est indispensable lorsque d’importantes décisions sont prises. Selon le commandant Ouane, l’expertise dans une structure comme l’ANAC doit passer d’abord par la présentation de documents attestant de l’expertise et de l’expérience. Et Poncet, semble-t-il, ne serait pas capable de présenter de tels documents.

L’avion du président coûte cher au contribuable. Il est difficile d’imaginer qu’au-delà des coûts déjà élevés d’exploitation, le Mali se retrouve encore comme le dindon de la farce. Malgré les tentatives répétées, Poncet et Diarra n’ont pas répondu à nos sollicitations pour donner leur version des faits que nous relatons ici.

Plusieurs questions méritent d’être posées ; pourquoi le GAPR choisit délibérément un contrat 5 fois plus cher que le mieux-disant ? Des pots de vins ont-ils été versés ? Par qui ? Au bénéfice de qui ? La justice malienne devrait, certes, mener une enquête ; mais la probabilité d’une enquête menée contre une structure de Koulouba est quasiment nulle. Les députés doivent également interpeller le gouvernement sur l’ensemble des dépenses liés à l’exploitations de l’avion. Il est inimaginable qu’un pays qui n’arrive pas à se nourrir convenablement et qui dépend de l’aide internationale s’adonne à des activités dispendieuses. La France, l’Angleterre et l’Union Européenne ont des lois anti-corruption ; la présence sur leur sol des prestataires utilisés pour le Boeing leur offre une opportunité de faire triompher le droit. Le citoyen malien mérite au moins cela.

Bradage du patrimoine de l’État

Dans la 2ème livraison sur cette série, on parlera un peu plus de WIPI Group, l’entreprise américaine bénéficiaire du terrain du cinquantenaire très gracieusement offert par l’État Malien. J’ai pu avoir un peu plus d’info sur WIPI Group et ai pu entrer en contact avec ses représentants. On ne peut être que surpris d’être étonné. Lisez plutôt.

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Dans leur lettre adressée à la directrice des domaines et du cadastre, aux gouverneurs et maires, les ministres Mohamed Aly Bathily (Ministre des Domaines de l’État et des Affaires Foncières) et Abdoulaye Idrissa Maiga (Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation) [NDRL: Maiga n’a plus le portefeuille de la décentralisation depuis le remaniement du 24 Septembre 2015] disait en substance ceci:

WIPI Group USA Inc. a exprimé une convoitise et une offre d’achat d’une parcelle sise sur les berges du fleuve en face de la Faculté des Lettres, Arts, et Sciences Humaines, pour la construction d’un hôtel de luxe cinq étoiles avec un centre commercial.

Dans la lettre, il n’y a aucune mention du prix que WIPI voulait payer pour cette parcelle de 3,43 ha. Construire un hôtel de grand standing sans même compter le prix du terrain devrait coûter plusieurs milliards de FCFA. WIPI Group en a-t-elle vraiment les moyens? C’est ce que nous essayons de déterminer ici ainsi que comprendre les motivations des ministres Bathily et Maiga.

WIPI USA, LLC a été créée en Mai 2011, avant de devenir en Octobre 2013 WIPI Group USA, Inc. Son promoteur est Albino Aboug, citoyen américain d’origine Soudanaise. Mr Aboug a enregistré cette SARL dans l’État de South Dakota parce que les lois y sont très favorables aux entrepreneurs — elles offrent une plus grande protection aux biens personnels du propriétaire quand l’entreprise est incapable de rembourser ses dettes. Enregistrer une SARL en south Dakota peut se faire en ligne pour $150. Aboug ne vit pas en South Dakota; nous n’avons pas été capable de déterminer si il y avait même séjourné.

La première adresse déclarée de l’entreprise est un entrepôt; en Septembre 2012 l’entreprise change son siège social pour une adresse qui n’est autre qu’un appartement dans une zone résidentielle. L’entreprise a enregistré 3 fiches d’impôts (2012, 2014 et 2015) avec les autorités mais ne montre aucun signe d’activité commerciale. La fiche d’identification de WIPI Group se trouve ci-dessous (en anglais).

Company Number: DB058642
Incorporation Date: 12 May 2011
Company Type: Domestic Business
Stock Info: 100 common shares
Jurisdiction: South Dakota (US)
Agent Name: ALBINO M ABOUG
Agent Address: 27051 S GAYLE AVENUE, TEA, 57064
Directors / Officers:

ALBINO ABOUG, manager

ALBINO M ABOUG, agent

Les sites Internet de l’entreprise ne fonctionnent plus; un numéro de téléphone domicilié à Washington DC ne fonctionne pas non-plus. Aboug a vécu dans la région de Washington mais n’y est plus. Nous avons retrouvé sa trace au Kenya et obtenu un numéro de téléphone, que nous avons, bien sûr, appelé. Aboug a décroché et était très mal à l’aise; il a confirmé être le propriétaire de WIPI Group mais ne voulait pas en dire plus. Il était plutôt intéressé par qui l’appelait et comment nous avions obtenu son numéro. Il nia de tout bloc être associé de près ou de loin à une transaction immobilière au Mali et nous demande plutôt de rechercher l’information auprès des autorités maliennes.

Un peu plus tard, nous recevons un appel venant d’Afrique du Sud; l’homme au bout de la ligne se présente sous le nom de James Oder, membre du Panafrican Youth Union (PYU) et veut savoir la raison de nos enquêtes auprès de l’ambassadeur Aboug. [NDRL: Aboug est représentant du Sud Soudan au sein du PYU, qui est un démembrement des jeunes de l’Union Africaine, d’où le titre “ambassadeur”. Le Mali en avait le poste de secrétariat général de 2011 à 2014]. Oder dit être également un représentant légal de WIPI Group.

Oder, comme Aboug, insiste ne rien savoir sur la transaction immobilière de la place du cinquantenaire. Il dit être déjà venu à Bamako, tout en refusant de préciser la date exacte de sa visite. Il prétend n’avoir jamais écrit au ministre Bathily, nie le connaître et se dit surpris que le nom de son entreprise ait été utilisé dans la lettre des ministres Bathily et Maiga. Il admet toutefois connaître des “gens” dans l’appareil gouvernemental mais refuse catégoriquement de donner des noms. Voilà comment cette partie de notre conversation téléphonique s’est tenue:

Question: Et vous pouvez m’assurer que vous n’êtes pas mêlé de près ou de loin dans cette transaction de terrain?

Réponse: C’est la première fois que j’apprends que nous avons un terrain à Bamako.
Question: Vous dites donc que vous James Oder, représentant légal de Wipi Group USA Inc, affirme ne pas être au courant de cette transaction?
Réponse: “Oui, absolument; c’est seulement suite à notre conversation que je viens d’apprendre qu’une telle transaction a eu lieu. Et que nous sommes les heureux bénéficiaires d’un terrain au centre-ville de Bamako.”
Question: Voulez-vous dire que deux ministres du gouvernement Malien ont signé un document avec le nom de votre entreprise et que vous n’avez absolument rien à voir dedans?
Réponse: “Oui c’est bien ce que je dis.”
Question: Voulez-vous insinuer que le nom de votre entreprise a été utilisé de façon frauduleuse?
Réponse: “Je pense que oui, puisque nous n’avons jamais demandé une telle transaction et que nous n’avons jamais été informé de cette lettre d’attribution. Généralement, avant de nous engager dans un pays nous créons une entité locale, et nous n’en avons pas au Mali.”

D’après Oder, WIPI Group est toujours à l’affût de bons investissements; son domaine principal d’activité serait la construction même si Oder pas en mesure de me dire ce que l’entreprise a construit depuis sa création. Il explique l’absence d’activités commerciales sur la fiche d’impôts du fait que WIPI effectue toutes ses opérations à travers des filiales locales.

Oder — tout comme Aboug — insiste ne pas être au courant de la lettre des ministres Bathily et Maiga; certaines de ses réponses étaient très évasives surtout quand il s’agissait de comprendre comment (et par qui) WIPI Group était arrivé à s’intéresser au Mali.

Tout cela laisse un peu perplexe; mais en allant au delà de ces information, les ministres Bathily et Maiga font entorse à la règle établie par l’arrêté interministériel N°2015-0205/MDEAF-MATD/SG du 2 mars 2015 qui suspend toute attribution de terrains du domaine immobilier de l’Etat et des collectivités territoriales — cet arrêté est l’oeuvre de Bathily lui-même. En fait il interdit aux maires, gouverneurs et préfets de céder le patrimoine de l’État, tout en s’arrogeant ce droit. L’arrêté prévoit une dérogation à la loi; et cette dérogation est livrée par…Bathily et Maiga. S’agit-il ici d’une justice à géométrie variable? C’est cela aussi le Mali d’IBK.

Qui croire dans cette affaire? Il y a une chose qui est certaine: WIPI Group USA n’a pas les moyens d’investir au Mali. L’entreprise ne semble être qu’un véhicule pour d’autres fins. Les ministres Bathily et Maiga pourront nous dire par quel canal ils ont reçu la demande de WIPI Group; ce serait un bon départ pour tirer le vrai de la fraude.

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A. Karim Sylla

Tractorgate

Opération 1000 tracteurs en faveur des paysans : Les contre-vérités du PARENA de Tiébilé Dramé

Le PARENA de Tiébilé Dramé est fidèle à son habitude de harcèlement politique, pour se donner une existence, qui n’en est pas une, parce que le parti du bélier blanc n’existe qu’à coups de communiqués de presse et de déclarations.

C’est dans cette optique qu’il a pondu une déclaration sur les 1000 tracteurs subventionnés par l’Etat à hauteur de 50%. Dans sa précipitation à inventer, coûte que coûte, ce qu’il appelle un «nouveau scandale», le PARENA est passé complètement à côté de la plaque, en mentant au peuple, en le désinformant et en diffamant, comme d’habitude, le pouvoir.

Nous avons enquêté, à la fois auprès du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère du Développement Rural, des sociétés Toguna et Mali tracteurs et du pool bancaire qui a soutenu l’opération 1000 tracteurs. Les résultats de nos investigations nous autorisent à soutenir que le PARENA n’a raconté que des contre-vérités.

Tout d’abord, le PARENA se trompe quand il parle «d’un marché de gré à gré déguisé entre l’Etat et un fournisseur sélectionné, sans appel d’offres, ni consultation restreinte».

Et pour cause : le 30 avril 2015, un appel d’offres international restreint pour la fourniture de 1000 tracteurs et accessoires, pour le compte du ministère du Développement Rural, en quatre lots, a été bel et bien lancé. Il a été approuvé par la Direction générale des marchés publics et des délégations de service public par lettre N°01361 / MEF – DGMP – DSP du 4 mai 2015.

Une commission de dépouillement et de jugement des offres a été créée par Décision n°2015-000000313 – MDR-SG du 18 mai 2015. L’ouverture des plis a eu lieu le vendredi 22 mai 2015 à 10h, dans la salle de conférence du ministère du Développement Rural, suivant avis de réunion n°0077 / MDR – DFM du 19 mai 2015.

Sur les 17 sociétés consultées, 13 ont postulé. Après examen des dossiers, la commission a proposé comme attributaires provisoires pour le lot 1 (450 tracteurs de 50cv et accessoires) TOGUNA SARL, pour un montant de 5 456 250 000 FCFA hors taxes et un délai d’exécution de 45 jours.

Le lot 2 (350 tracteurs de 60cv et accessoires) a également été attribué à TOGUNA SARL pour un montant de 4 698 750 000 FCFA hors taxes, pour un délai d’exécution de 45 jours. Les lots 3 (100 tracteurs de 80cv et accessoires) et 4 (100 tracteurs de 90cv et accessoires) ont été attribués à Mali Tracteurs, pour respectivement 1 643 198 623 et 1 863 049 217 FCFA hors taxes, pour un délai d’exécution de 60 jours.

La Direction des marchés publics et des délégations des services publics a donné le 3 juin son avis de non objection. Les soumissionnaires non retenus et les adjudicataires provisoires en ont été informés par écrit. Le ministre du Développement Rural a approuvé le rapport de dépouillement le 5 juin 2015 et son homologue des Finances le 20 juillet de la même année.

En dernier ressort, le Conseil des ministres a approuvé le rapport de dépouillement et de jugement des offres le 6 août 2015. En clair, on est très loin d’un gré à gré, qui n’existe manifestement que dans la tête du PARENA.

Ensuite suivent des spéculations basées sur l’existence de ce supposé gré à gré, ce qui est infondé et met à terre tout le reste du raisonnement. Venons-y. Le PARENA se demande «Pourquoi avoir attribué le marché à un fournisseur d’engrais qui ne pouvait qu’importer des tracteurs? Pourquoi n’a-t-on passé le marché des 1000 tracteurs à Mali tracteurs, une entreprise où l’Etat est actionnaire, qui emploie de la main d’œuvre locale et paie des impôts?».

Le parti de Tiébilé Dramé ignore certainement que le groupe TOGUNA est constitué de plusieurs sociétés ayant de multiples activités: la production et la distribution d’engrais, la distribution des produits phytosanitaires, l’assemblage et la distribution de tracteurs agricoles, la distribution de camions remorques et citernes… Le PARENA oublie aussi que TOGUNA est une société privée malienne à 100%.

Alors pourquoi cette plaidoirie pour Mali Tracteurs, dont 51% appartient aux Indiens? Cette société fait le même travail que Toguna. Il s’agit d’assemblage. De plus, Toguna emploie plus de main d’œuvre que Mali tracteurs. Plus de 900 personnes sont employées par le groupe Toguna, qui paye aussi des impôts. De plus, Toguna était moins cher que Mali tracteurs. Sans compter ce qu’on appelle la «préférence nationale».

Ce qui nous amène à aborder le prix imaginaire du tracteur annoncé par le PARENA. En effet, celui-ci, dans sa déclaration, soutient que, livré à Bamako, un tracteur de 50cv avec accessoires coûte en tout 5,9 millions de FCFA. C’est une grossière erreur. Tiébilé Dramé aurait pu chercher tout simplement sur Internet «Tracteur Foton» pour avoir une idée du prix usine ou rendu pays. Il varie selon les accessoires et le nombre de CV. Ensuite, il suffit de faire un tour au marché de Bamako pour connaitre la réalité des prix locaux.

La société Mali Tracteurs, que le parti du bélier semble défendre, vend un tracteur 39cv et accessoires à 11,690 millions de FCFA ; pour 50cv, ce sont 12,690 millions de FCFA; pour une puissance de 60cv le montant est de 14,050 millions de FCFA; avec 70cv le prix monte à 15,050 millions de FCFA et avec 80cv de puissance et formule 4×4 (4WD), le tracteur coûte 19,5 millions de FCFA. Les ventes sont garanties, avec 12 mois d’assistance technique et de maintenance dès la date de livraison du tracteur.

Le tracteur de 50cv avec accessoires vendu sur le marché entre 12,690 millions et 14,5 millions de FCFA a été cédé par le groupe TOGUNA 12,125 millions. Alors, où sont les tracteurs de 50CV coûtant chacun 5,9 millions? Il va certainement falloir faire un tour au siège du PARENA pour en trouver.

Enfin, le parti de Tiébilé Dramé, comme à son habitude, essaye de tourner en dérision le régime, qui, selon lui, multiplie les scandales, en parlant de «montage financier grossier et opaque». Que non! Le montage a été très transparent, avec une équipe pluridisciplinaire issue des départements des Finances, du Développement Rural et d’un pool bancaire.

L’accord de financement est très clair: 50% pour l’Etat, 30% financés par les banques et les 20% par les paysans (par apport personnel). Des centaines de dossiers sont déjà déposés par les intéressés. Il n’y a pas d’arnaque. Tout est bien transparent. Le PARENA s’est donc lourdement planté en voulant créer un scandale qui n’en est pas un.

A suivre.

Chahana Takiou

Source: 22 Septembre


Bonjour,
L’affaire devient très intéressante.
Puisqu’il y a contradiction, serait-il possible d’organiser une confrontation entre le Gouvernement et le Parena afin que chacun apporte ses preuves et ses arguments ? Car par la presse interposée on ne s’en sortira jamais. Pour celui qui connaît certains journalistes maliens, on est parti pour vendre le margouillat comme le petit du caïman. Il sera donc difficile de dépatouiller tout çà. C”est facile pour des journalistes de nous servir des textes de décret et autres lettres administratives qui ne suffisent pas pour justifier leur respect: car malgré l’existence de lois, plein de gens sont en prison.
De même, le Parena ne peut nous balancer de telles accusations sans nous montrer des preuves valables. Ce qui semble agacer certains journalistes et même des citoyens qui n’arrivent pas à croire de tels faits tant c’est gros.
Alors pour une fois, que le problème soit traité avec la plus grande rigueur, pour la vérité et la transparence. Permettre à tous d’être informés par la bouche des “protagonistes”. Souvent, c’est mieux que des filtres-médias.
Je ne sais pas quelle forme pourrait prendre cette confrontation, publique telle qu’on peut en voir dans certains de nos pays d’accueil: France, USA etc.
C’est sérieux, cette affaire.

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Mahamadou Cissé Paris


Ça c’est une idée géniale — un débat entre les protagonistes (Téréta/Toguna et le Parena). Ou tout simplement confier l’affaire au Vegal. Si personne n’a rien à se reprocher alors il ne doit pas y avoir de probleme.

Dans le texte de Chahana Takiou, je relève ceci:

“Le tracteur de 50cv avec accessoires vendu sur le marché entre 12,690 millions et 14,5 millions de FCFA a été cédé par le groupe TOGUNA 12,125 millions.”

Le tracteur sur le marché à Bamako est dédouané; est-ce que celui de Toguna l’est? Si oui, il faudrait simplement apporter les preuves que l’Etat malien a effectivement empoché les droits de douane.

Il y a eu (selon Takiou) 13 postulants — il faudra publier le nom de ces entreprises. C’est vraiment très simple. Vous savez, pour l’avion, le PR et le PM (de l’époque) ont tous juré la main sur le coeur et le Coran que tout était normal. Au finish on sait ce que ça a été. Au Mali, quand c’est une affaire de milliards alors rien n’est clair.

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A. Karim Sylla

Moi qui croyais que la trouvaille du PARENA n’est qu’un pet d’un serval desertique de l’Azaoua qui ne provoquerait que des vaguelettes sur le calme marigot des 3 Caimans du Djoliba Ibktreta, djaka-djaka , je me suis bien gouré !

C’est un Tsunami dénommé “Belier Blanc” qui se profile et qui risque de faire des vagues de 30m sous le pont des Martyrs qui emporteraient le Somono Treta, le pêcheur bon nageur qui a évité la tempête des engrais frelatés .

Sincèrement
Mohamed Ag Hamaty


Oui Karim, vivement une des 2 options (debat ou Vegal) pour eclaircir les lanternes des malien/ne/s. En tout cas, moi je commence deja a me perdre dans les acronymes: La societe Toguna ou TOGUNA SARL, n’etait-elle pas deja pas impliquee dans la question des engrais frelates?
Bonne journee a tous !

Talatou


Bonjour chers tous,

Le PARENA a demandé une rencontre médiatique avec le Ministre du Développement Rural. Il revient à celui-ci de répondre.

J’attire seulement l’attention des uns et des autres sur le fait que les magouilles se font souvent à des étages plus basses que celle du ministre, même si la responsabilité finale du dossier leur revient. Les niveaux DAF, Cabinets, Directions Nationales, organismes de gestion sont les intermédiaires également fortement impliquées dans les processus de corruption et de prédation. Si quelqu’un veut réellement lutter contre cette corruption et les sur facturations, il convient également de taper à ces différents niveaux.

Le système est tellement pourri que je crains que la lutte au niveau politique seule ne puisse suffire. Elle permettra de mettre le President de la république ou les ministres dans des positions inconfortables (mais seulement parce qu’on voit que ces derniers d’en foutent de ce que la société civile s’indigne ou que l’opposition dénonce). Ça pourrait compromettre leur chance de briguer un mandat supplémentaire (encore que).

A mon avis il faut à présent passer à ou ajouter un autre outil de lutte : l’implication des populations par leur sensibilisation à ce fléau. Parce qu’il ne me semble pas que les maliens lamda soient clairement conscients que c’est leur implications fortes qui permettra de lutter contre ces injustices. Les partis politiques de l’opposition (je note bien) et ceux d’avant garde doivent réfléchir et trouver les voies appropriées pour arriver à mobiliser les maliens pour cette lutte (de façon civilisée).

Cordialement
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Chouaibou
Twitter : @chbmaiga


Bonjour chers tous,

Toguna sa qui n’est pas accusée directement par le PARENA, ni n’a reçu aucune invitation à débattre, s’explique sur l’affaire des tracteurs.

Elle affirme que les informations avancées par le PARENA sont fausses et surtout de nature à ternir l’image de la société au Mali et dans la sous-région.

Elle menace : “A l’avenir, nous nous réservons la possibilité d’user de tous les moyens de droit pour sauvegarder et notre image et ces nombreux emplois”. En un mot “soutenez vos affirmations d’un point de vue juridique ou taisez vous à jamais sur ce dossier”.

En somme la bonne vieille méthode utilisée par les “commis de l’état”.

Si Toguna sa arrivait même juridiquement à se défendre, au niveau politique, il restera toujours le sentiment chez les maliens que les fonctionnaires de l’état en ne voulant pas répondre aux accusations portées par la PARENA, fuit le débat parce qu’il cacherait quelque chose.

Il y a tellement de cas similaires de sur facturations et de prédations dont sont accusés des politiques en relation avec des opérateurs que la balance sera toujours en faveur du type d’accusations portées par le PARENA sur cette affaire. Surtout que les affaires précédentes (tonitruantes) n’ont pas encore été élucidées.

Cordialement
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Chouaibou
Twitter : @chbmaiga

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http://www.maliweb.net/communique/communique-de-presse-le-groupe-toguna-refute-totalement-les-allegations-du-parena-2-1184822.html

Communiqué de presse : Le Groupe Toguna réfute totalement les allégations du PARENA


Ne serait-il pas très simple si Toguna allait directement en justice pour attaquer le PARENA pour diffamation? Si l’entreprise se dit blanc comme neige, c’est le meilleur moyen de se disculper. Ou bien tout simplement partager les communications qu’elle a eu avec les gens du ministère — depuis le début.

Pour le gouvernement, l’idéal serait de saisir le VEGAL; il y a tellement de milliards de CFA en jeu et de reputations à défendre qu’il serait plus simple d’apporter le dossier chez le VEGAL; TOGUNA sera contrainte d’ouvrir ses livres. Ça pourrait être très informatif.

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A. Karim Sylla


Il semble que la presse internationale continue à se pencher sur cette nouvelle affaire de corruption, vol, et triche dont IBK et son gang nous ont habitué. L’article est en anglais. More to come.

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9 October 2015 • Vol 56 – N° 20 • Africa Confidential
Mali – IBK ploughs into trouble
The President’s ‘gift’ to farmers of 1,000 tractors is not all it seems. It isn’t the first public procurement problem to crop up

President Ibrahim Boubacar Keïta is in the midst of another big public spending row after making a supposedly personal gift of 1,000 tractors to rural communities, just in time for the next farming season. Although this was presented as presidential charity, the tractors were bought with public money. There is disquiet about the deal.

Originally announced in May and officially approved by ministers on 29 July, the tractor deal is due to be implemented over the coming months. Only 200 of the tractors are being acquired from MaliTracteurs, an Indian-led joint-ventureassembly plant at Samanko, near Bamako.

The rest are being bought from Toguna Agro-Industries, a company whose main activity hitherto has been the supply of agricultural inputs such as seeds and fertiliser. Toguna, however, is run by the influential entrepreneur Seydou Nantoumé. Toguna is importing 800 Chinese 50-horsepower Foton tractors. The deal not only appears to undermine the very logic of Mali assembling tractors but some observers believe the Fotons are also unsuited to Malian conditions. Mali-Tracteurs, 49% state-owned, has been assembling tractors in the country for several years from kits supplied by India’s Angelique International. It employs local people, knows local conditions well and has a service network. Toguna, on the other hand, is a newcomer to supplying plant.

Fresh questions over major public expenditure come only a year after Mali endured the humiliation of seeing its International Monetary Fund programme suspended because of the failure to follow proper procurement rules for the acquisition of a presidential jet and military uniforms. The programme was restored only months later, after the contentious deals had been audited, on the orders of the then Finance Minister, Bouaré Fily Sissoko. The enquiry found that while the presidential jet, the executive version of the Boeing-737 medium-range airliner, had been purchased at a fair price, the uniform deal had been rushed through and marred by questionable over-invoicing.

Then in January, both Sissoko and Prime Minister Moussa Mara were sacked. Mara was seen as paying the price for his ill-judged excursion the previous May to Kidal in the Saharan north, which had triggered a military counter-offensive by the Tuareg separatist Mouvement national de libération de l’Azawad and the Haut conseil pour l’unité de l’Azawad, a major setback for the national army (AC Vol 56 No 13). Mara had also lost a battle within government to improve transparency and financial management. Since his dismissal, family networks have become increasingly dominant in the government machine. Presidential son Karim Keïta is highly influential.

Delicate moment
Donors have already expressed concern about the state’s ability properly to manage and use the 3.3 billion euros (US$3.72 bn.) in aid that was pledged in 2013 in the aftermath of the French-African military intervention. On 22 October, the Paris-based Organisation for Economic Cooperation and Development will host a conference in the French capital on economic recovery and development in Mali. The scrutiny does not appear to be deterring influence-peddlers and corrupt officials, especially some close to the President.

In June, the government claimed that the tractor purchase had been subject to a normal competitive tender and that the Financing and Equipment Directorate of the Rural Affairs Ministry had been flooded with bids from would-be suppliers. So the surprise announcement that 80% of the order would go to Toguna was met with anger. Now the opposition Parti pour la renaissance nationale (Parena) has claimed that the 800 tractors from Toguna were in fact delivered to the customs processing centre in Kati, near Bamako, as early as 29 July – yet it was only on that day that ministers officially approved the purchase. Moreover, the terms they approved were for the 10.16 bn. CFA francs ($17.45 million) acquisition of 800 tractors for delivery within 45 days. So why were the tractors already in Kati on 29 July?

Parena has pointed out that, contrary to normal government procedure, the cabinet statement did not specify whether the deal had been subject to an open tender, a restricted range of bids or a simple direct agreement with one supplier. The government publicity machine has claimed the tractors will be sold to farmers at a price of CFA6 mn. each, which supposedly represents a 50% subsidy. However, Parena points out that the Foton 50 HP model that Toguna is supplying is in fact normally sold with attachments for $10,000, equivalent to CFA5 mn. Allowing for the cost of delivery to Bamako, the price would be approximately CFA5.9 mn. That would imply that the CFA6 mn. price entails no subsidy at all. Yet Bamako media have reported that the tractors are being sold to the government for CFA13.6 mn. each, which is why the retail price to farmers would represent a 50% state subsidy. Parena alleges that if the price really is CFA13.6 mn., this represents massive over-pricing.

The opposition party also questions why the deal needed to be implemented so hastily, given the realities of the farming calendar. The main agricultural season is in its closing phase and the next season for ploughing and other land preparation will be in May-June next year, in time for the annual planting at the start of the three-month rainy season.

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A. Karim Sylla


Peut-être que la presse internationale s’intéresse à la question; celle-ci se plante dès le début en parlant de don personnel du Président. Ensuite, elle ne semble répéter ce qu’elle a “piqué” dans la presse malienne; résultat je ne suis pas intéressé à lire cet article de bout en bout.
Merci pour le partage anyway.

Salihou Guiro


Salihou,

J’ai tendance à être en accord avec toi sur le contenu de cet article qui ne fouille pas plus que les infirmations qui ont été porté à la connaissance du public, sis aux révélations du PARENA. Karim est pris dans les dédales de son aversion IBK et Gouvernement IBK…mais il faut regarder par deux fois souvent pour disposer de bases objectives avant de frapper. Et quand il y en a, il faut frapper.

Pour revenir sur le dossier 1000 Charrues :

A la suite du communiqué de TOGUNA paru dans la presse, un troisième protagoniste est apparu dans le dossier, en plus du PARENA qui a mis en cause le Gouvernement.

PPR a réagi au communiqué TOGUNA en indiquant qu’il s’attendait à voir le gouvernement réagir à sa mise en cause plutôt que TOGUNA. Mais il est vrai que TOGUNA avait été mis en cause également.

A la suite de tout cela, une série de questions revient :

– l’acquisition des mille charrues a t-elle été faite par entente directe ou par appel à la concurrence ?

– quel est le prix unitaire bord usine (Chine) ?

– s’agit-il d’un engin à deux roues ou à quatre roues ;

– quelle est la puissance de cet engin ?

– quels sont les coûts d’approche (transports, douane…) ?

– quel est le montant subventionné par l’Etat ?

– TOGUNA est elle une entreprise intervenant dans la commercialisation des machines agricoles oui ou non ?

– au moment de la commande des charrues, étaient elles déjà disponibles au Mali et en quantités indiquées ?

– quels sont les 16 autres candidats qui ont postulé pour la fourniture des 1000 charrues ?

Et bien d’autres questions sans doute…

Bien avant d’envisager quoi que ce soit, il y a lieu de trouver des réponses à ces questions et les réponses sont susceptibles de donner lieu à polémique, à poursuite où à la mise en cause de toutes les personnes qui seront susceptibles d’être impliquées. Ce dossier-ci peut être au moins l’objet d’une enquête indépendante…qui peut être mise en place à partir de notre réseau…
Mamadou I. Konaté


Croyez-moi, mon intention n’était pas de dire que l’article en question allait gagné au Pulitzer. Il ne reprend que ce que la presse malienne a déjà dit/écrit.

Ce que j’ai dit c’est que la presse internationale se penche là-dessus. Au moment où, on envois nos ministres venir quémander de l’argent, on vole impunément. Le monde a le droit de savoir et le monde parle anglais.

Et puis maître, je n’ai pas une aversion à IBK — j’ai une aversion au vol, à la triche et la fourberie. Te connaissant, je sais que tu partages aussi ces aversions.

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A. Karim Sylla


Le deuxième d’une série d’articles relatif aux 1000 tracteurs d’IBK.
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Qui perd gagne: la logique dans le Mali d’IBK

Les dirigeants du Mali se soucient peu du devenir du pays; l’incompétence et l’inaptitude ont généralement été la cause de ce laisser-aller qui proscrit tout décollage économique. Cependant ce qui se passe aujourd’hui est une attaque délibérée visant à ruiner la république. Le président IBK a réussi à créer une clique mafieuse autour de lui qui ne recule décidément devant rien; ces gens ont tout simplement perdu le sens de la décence et la mesure. Alors même que le désarroi et l’inquiétude de la nation sont au plus grand depuis 1960.

Le récent marché publique sur les 1000 tracteurs que le président IBK a présenté aux Maliens comme preuve de son engagement envers les agriculteurs du pays est le paroxysme du cynisme. On vend aux paysans des tracteurs dont l’adaptabilité aux conditions du Mali reste à prouver, mais pire, à un prix gonflé dépassant tout entendement. La cerise sur le gâteau est que tous les Maliens payent à cause de l’incidence budgétaire. À quoi sert cette triche? À tout sauf au bonheur des Maliens; ce slogan si cher au président pendant la campagne 2013.

Le marché des tracteurs était constitué de 4 lots, répartis selon la puissance des moteurs: 450 tracteurs de 50 CV, 350 de 60 CV, 100 de 80 CV et 100 de 90 CV.

Que s’est-il réellement passé lors du dépouillement des soumissions? Toutes les soumissions moins-disantes ont systématiquement été rejetées. Pour des raisons souvent très farfelues. Au finish, 3 soumissionnaires ont été retenus: Toguna, DTE et Mali-Tracteurs. Le graphique ci-dessous montre les soumissions des 3 entreprises qui ont été retenues. Comme vous pouvez le constater, Mali-Tracteurs est la moins-disante sur chacun des lots. Pourtant c’est Toguna qui a remporté les lots 1 et 2 — 800 des 1000 tracteurs. Une majoration de 1,3 milliards CFA sur ce qu’on aurait dû payer.

20151009-Soumissions

Comment cela est possible? Un des critères de sélection disait qu’une entreprise ne pouvait pas soumissionner pour une valeur supérieure à son chiffre d’affaire (en fait la moyenne sur les 3 années précédentes). Mali-Tracteurs, qui est partout la moins-disante a néanmoins un chiffre d’affaires de 2,1 Md CFA — ce qui l’élimine de fait des lots 1 et 2, pour lesquels elle proposait plus de 4 Md CFA. Dura lex sed lex — la loi est dure mais c’est la loi. Et si il y a des critères il faut les appliquer. L’application de cette provision fait qu’il ne reste que Toguna et DTE dans la course.

Et comme l’offre de Toguna est moindre que celle de DTE, il va s’en dire que Toguna doit logiquement remporter ce marché. Pas si vite. Il se trouve que la clause qui a éliminé Mali-Tracteurs devrait également éliminer Toguna pour le Lot 1 — son chiffre d’affaire étant de 5,32 Md CFA, moins que les 5,46 Md CFA représentant sa soumission. Le critère cette fois-ci à été mis de côté; comme si il n’existait que pour éliminer Mali-Tracteurs; le but étant que Toguna remporte le marché. Vaille que vaille.

Comment tous les autres soumissionnaires ont été rejetés — je parlais tantôt de raisons farfelues. C’est pire. Sur la base d’interviews, je peux affirmer sans me tromper que les raisons qui ont été avancées pour certains recalés ont été inventées de toute pièce. La commission de dépouillement a évoqué des documents manquants; ces documents ont été fournis mais étaient introuvables lors du dépouillement; ils ont été “perdus”. Perdus pour que Toguna remporte le marché. Nous reviendrons sur ces détails prochainement. Mais je peux vous affirmer que c’est un véritable feuilleton de mafia. Le titre pourrait même être Mafia-sur-le-Djoliba; le capo di tutti capi trônant fièrement à Koulouba.

More to come.

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A. Karim Sylla


jr Mamudu,

Une chose est claire IBK ne pourra pas pardonner a la place des victimes. Soit il rend justice, soit les victimes rendront justice par elles memes, Ce qui est d;ailleurs logique et NORMAL. Car trop c’est trop. Des terroristes ne peuvent pas continuer a vivre impunement au milieu des victimes,

Certains ne peuvent pas continuer a prendre les armes contre tout le monde pour aller enfin se cacher derriere des accords sanguinaires,vampires, racistes, feodalistes, esclavagistes, . Tot ou tard, les autres prendront aussi les armes contre eux aussi car ils ne valent pas mieux que les autres.

La somme de l’infiniment petit donne l’infiniment grand!!! Par cette meme logique, tot ou tard nous verrons naitre des groupes de resistances ciblees a l’image des ” Black Panthers ” pour rendre une sorte de justice aux victimes. Ils tuent un de nous, nous tuerons un d’eux et puis nous verrons qui va perdre.

Vive la rebellion
Vive la resistance
Vive la justice pour les victimes
A la poubelle les gouverneurs de la france au Mali

Sidy Danioko


3ème livraison sur la question des 1000 tracteurs; la question est de savoir si l’acquisition de ces tracteurs représente une politique opportune et réfléchie. Je ne suis pas un spécialiste en agronomie ou en économie agricole, mais je ne suis pas convaincu que ceux qui ont passé cette commande avait en tête la promotion de l’agriculture.

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L’opération 1000-tracteurs rentre dans le cadre de la politique de mécanisation de l’agriculture; le gouvernement accorde déjà une part très importante du budget national dans le domaine de l’agriculture. Le président ATT avait fait une campagne similaire (300 tracteurs en 2006). Mais ces opérations changent-elles vraiment la donne pour le paysan moyen?

Pour cette dernière opération le Mali a passé une commande pour 4 types de tracteurs: 450 tracteurs de 50 CV, 350 de 60 CV, 100 de 80 CV et 100 de 90 CV. Avec bien entendu des prix croissants avec la puissance. L’Etat subventionne à 50% le prix d’achat et le paysan (ou l’entreprise agricole) couvre le reste. Les banques ont été sollicitées et offrent des possibilités de prêts. Un comité de suivi a également été mis en place pour faciliter les transactions.

Les conditions d’acquisition publiées sont les suivantes:
# Être malien et résidant au Mali
# Faire un apport de 20% et payer sur 5 ans au taux de 8,5%
# Disposer d’au moins 20 hectares de terres agricoles
# S’engager à ne pas revendre le tracteur

Les acquérants peuvent également se grouper en une entreprise (ou coopérative) — les conditions demeurent globalement les mêmes; il faut simplement apporter d’autres documents.

Remédier à la Faible Mécanisation
Au Mali l’agriculture n’est pas modernisée; cela n’est pas nouveau; et la majorité des terres est cultivée avec la force humaine et animale. Il y a donc un grand besoin de mécanisation dans le pays. Lisez ce passage d’un rapport de la FAO sur la politique agricole au Mali.

Le recensement agricole de 2004 indiquait ainsi que 54 pour cent des exploitations bénéficiaient d’une charrue et que 72 pour cent des superficies étaient labourées à l’aide de traction animale tandis qu’un pour cent seulement étaient labourées à l’aide de tracteurs. Cependant les équipements en tracteurs sont en augmentation régulière depuis les années 1960 avec un pic qui a été atteint en 1996 avec presque 2 500 tracteurs. A partir de cette date, l’évolution a été défavorable et en 2007, le Mali enregistrait environ 1 300 tracteurs selon la Banque mondiale (2012).
Voir page 46 – http://www.fao.org/3/a-at566e.pdf

Du fait de la non-mécanisation, les surfaces cultivées par les paysans demeurent très petites. Quasiment la moitié des exploitations agricoles font moins de 3 ha. Le graphique ci-dessous montre la taille des exploitations par hectares.

20151020-Tractorgate

Les exploitations de 20 ha (et plus) ne représentent que 4% du total. Et c’est seulement à eux que les 1000 tracteurs sont destinés. Pas de quoi créer une révolution, mais plutôt soutenir des exploitants agricoles qui sont déjà assez bien lotis, au détriment de la grande majorité.

Alternatives
Il aurait fallu utiliser les 13,6 milliards FCFA de subventions pour insuffler une mécanisation accrue des petits exploitants — leur permettre de doubler leurs surfaces cultivées (et doubler leur revenus). Cela aurait eu un plus gros impact sur la reduction de la pauvreté au Mali. Il y a toute une game de tracteurs à 2 roues — très simples à utiliser — qui remplacent de fait la traction animale et les charrues très connues des paysans. Ces tracteurs coutent entre 250 000 FCFA à 1 000 000 FCFA, dépendant de leur puissance et outillage. Si on prend une moyenne de 500 000 FCFA, une subvention à 50% (en utilisant les 13,6 milliards) auraient permis l’importation et/ou la fabrication locale de 68 000 tracteurs. Si on consacrait le même montant sur les 7 prochaines années on aurait permis à quasiment 2/3 des exploitants agricoles de doubler leurs surfaces cultivées. Et doubler leurs productions faisant ainsi du Mali un net exportateur de céréales.

Des projets pilotes (en petits volumes) qui associent les chercheurs de l’IPR auraient suffit pour determiner la pertinence des outils. Sans être un spécialiste du domaine, je reste convaincu que le meilleur investissement reste l’aide aux petits exploitants, ceux là même à qui aucune banque ne prêterait de l’argent. Pas importer à grands frais des tracteurs qui ne bénéficieront qu’à une minorité.

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A. Karim Sylla